Point de vue: Ceux qui parlent et les autres…
On reproche à Bernard Arnault de donner 10 millions d’euros aux restos du cœur, au puy du fou de devenir une multinationale, à Jean Dujardin de porter un béret… Pendant ce temps, la forêt canadienne brûle toujours et nous regardons ailleurs.
On nous explique que planter des arbres n’est pas la solution pour sauver la planète. Mais ceux-là ne plantent pas…
Il est encore temps, soyons volontaires !
Quelle différence y a-t-il entre se balader en forêt et se promener dans sa forêt ?
Aucune si ce n’est que l’un est spectateur, l’autre acteur. Le forestier s’implique, il observe, il comprend, il décide. Il tire un revenu de sa terre, de son travail et il investit pour accompagner, améliorer sans cesse sa forêt.
La période que nous vivons est particulièrement difficile le réchauffement climatique va trop vite pour que la forêt s’adapte seule. Toutes les habitudes du forestier sont remises en question. Les choix que nous faisons aujourd’hui donneront des résultats dans 50 ans, 120 ans… la forêt est une leçon d’humilité. Nous profitons du travail des générations passées, nous travaillons pour les générations futures. Dans cette période de réchauffement climatique nous commettrons des erreurs. Nous devons tester de nouveaux modèles, analyser l’adaptation d’essences… mais si nous ne le faisons pas maintenant ce sont nos petits enfants qui devront le faire et on aura perdu beaucoup de temps.
Colbert aussi s’est trompé : il a décidé d’encourager la plantation de chênes pour renouveler la marine royale. Et, 14 générations plus tard ces bois qui devaient servir à la construction de vaisseaux de guerre sont finalement transformés en fût pour élever les plus grands vins du monde…
Oui c’est vrai, la forêt va mal, l’état sanitaire de nombreux massifs est préoccupant.
Il ne faudrait pas qu’on reproche au sylviculteur l’état de santé des forêts alors qu’il est probablement le résultat de nos modes de vie à tous !
Le sylviculteur est contraint d’arbitrer sa gestion. En l’espace de 5 ans, le martelage qui avait pour but d’améliorer le peuplement (coupe d’amélioration) est devenu un martelage pour récolter les bois dépérissant (coupe sanitaire). La forêt souffre et nous avons beaucoup de surprises.
Le propriétaire se trouve de plus en plus souvent en impasse avec des revenus aléatoires. C’est ce forestier qui ne trouve plus le sommeil parce qu’il fait trop chaud pour ses arbres et que la pluie tarde à tomber sur les plantations ou que le chevreuil abrouti les plants les plus vigoureux.
Faisons-lui confiance, il fait du mieux qu’il peut, il aime sa forêt passionnément.
Comment l’aider ?
C’est l’exemple d’une famille du médoc, qui entretient sa forêt depuis plusieurs générations. En 2009, la forêt est détruite par la tempête, ils reboisent puis en 2022 tout brûle. Dépités, sans revenu, ils envisagent de laisser tomber. Mais sur le sable du médoc alors que les peuplements brûlés n’avaient pas encore la maturité nécessaire pour produire des graines, le résultat est garanti : en dehors de la fougère, rien ne poussera...
Alors on prend le pari un peu fou de proposer de reboiser pour leur compte. En parallèle nous déposons un label bas carbone et cherchons une entreprise de bonne volonté qui voudra bien financer le projet.
Le résultat espéré : cette forêt renaîtra de ses cendres pour produire du bois de qualité qui permettra plus tard de fabriquer du parquet, des meubles, de la charpente et aussi du papier tout en stockant du CO2. Les déchets pourront être brûlés en pellets et produire du chauffage.
Ce projet va rassembler, un propriétaire, des entreprises locales qui effectueront le reboisement, une entreprise qui finance, des collaborateurs et des clients qui s’intéressent au projet, des professionnels qui pourront vérifier le sérieux du projet. Nous avons besoin que le plus grand nombre se réapproprie les enjeux de la forêt. Sans elle nous mourrons.
Au Canada, l’équivalent de toute notre forêt métropolitaine a déjà brûlé cet été. Les enjeux sont énormes. Pour lutter contre le réchauffement climatique, on entend parler de projets fous, machine de captation carbone, enfouissement de bois sous la mer…
Nous sommes convaincus que les actions simples sont plus efficaces : planter des arbres en fait partie, se chauffer avec du bois aussi. Évidement brûler du bois rejette du C02 mais ça évite de brûler du gaz ou du pétrole et comme il s’agit d’un déchet (connexe de scierie, bois d’éclaircie) c’est parfaitement vertueux.
Nous avons planté cette année plus de 100 000 arbres, nous en planterons le double l’année prochaine.
La forêt française en a besoin…
Pierre Aussedat