Quoi de neuf

à la campagne ?

Remettre l’homme (et les entreprises !) au cœur de la forêt

S’il est évident qu’à elle seule la forêt ne suffira pas à une réelle transition écologique, elle y contribue déjà largement. Malheureusement, la forêt souffre elle-même du réchauffement climatique et le forestier peut se sentir bien seul dans les épreuves qu’il traverse. Sans une prise de conscience de la société et des entreprises, le combat ne sera pas équitable.

 

 

Les superpouvoirs de la forêt

 

Personne ne doute aujourd’hui des bienfaits de la forêt. Et pourtant, le forestier est souvent absent des débats, voire montré du doigt. On parle de déforestation, de crédit carbone, d’enrésinement ... mais qui connait vraiment la forêt ? Qui fait la différence entre un chêne et un hêtre, ou entre sapins et épicéas ? La forêt couvre un tiers de notre territoire métropolitain, et pourtant peu de personnes comprennent son fonctionnement. Profitons de l’engouement autour de l’arbre pour expliquer aux jeunes – et moins jeunes – générations comment fonctionne une forêt.

 

La fiche d’explication des super pouvoirs de la forêt par notre partenaire REFOREST’ACTION :

 

 

 

Une fonction économique de la forêt

 

Les forêts remplissent une fonction économique essentielle. Le bois est un matériau indispensable pour notre société. Employé dans la construction, l’industrie ou l’énergie, il est utilisé tout autour de nous, du crayon de papier aux immeubles de nos villes. La filière forêt-bois française génère près de 400 000 emplois. Des chiffres qui devraient croître sous l’effet des programmes de recherche et d’innovation en cours, avec la chimie verte en fer de lance pour des secteurs aussi divers que l’agroalimentaire, la pharmacie ou la nutraceutique. Cette fonction économique favorise l’action climatique et environnementale de la forêt (les forêts en croissance captent davantage de carbone) et participe à la rendre plus hospitalière pour la promenade et les loisirs en forêt.

 

 

… Qui n’assure pas toujours l’équilibre financier des forestiers

 

Aujourd’hui, le forestier tire des revenus de la vente du bois et éventuellement de la location de chasse. Souvent découragé par des charges plus fortes que les recettes, le propriétaire à tendance à mettre la parcelle « en attente ». Le sylviculteur ne compte pas son temps, il fait du mieux qu’il peut mais il faut rapidement trouver des financements alternatifs pour que la forêt trouve un équilibre économique nécessaire et éviter le découragement.

Or les forêts sont multifonctionnelles, et les services rendus par la forêt vont bien au-delà de la seule production de bois ou de la chasse. La transition écologique offre des opportunités nouvelles de valoriser ces fonctions. Aujourd’hui, les entreprises sont prêtes à rémunérer ces services, et pas seulement pour la séquestration, le stockage et la substitution du carbone. La multiplication de projets locaux au cœur desquels les entreprises joueraient un rôle clé pourrait être la réponse à ces difficultés de financement.

 

 

Comment amener les entreprises à s’impliquer en forêt ?  

 

Certains groupes industriels vont à l’autre bout de la planète pour financer des plantations alors qu’il y a beaucoup à faire en France. L’idée serait de faciliter la mise en œuvre d’une sylviculture douce qui investisse les enjeux sociaux, écologiques de la forêt notamment le développement de la séquestration du CO2 avec une pédagogie dédiée. Une telle dynamique reposerait sur la double mobilisation d’acteurs forestiers et non-forestiers. Elle constituerait une formidable source de revenus complémentaires pour les premiers et participerait à une meilleure connaissance du fonctionnement de la forêt pour les seconds.

 

 

Le double argument socio-écologique et économique

 

Ce type d’investissement serait tout aussi bénéfique pour les entreprises. L’Union Européenne ayant reconnu les investissements en forêt comme « durables » en 2019, ces derniers s’inscrivent parfaitement dans une logique d’investissement vert. Ils s’intègrent également aux investissements RSE et d’amélioration de la qualité de vie au travail, comme la création de potagers dans les espaces verts des entreprises, ou l’installation de ruchers sur les toits. Située à proximité de l’entreprise sans pour autant se trouver au sein des locaux, une parcelle pourra être utilisée par les salariés pour des sorties en famille, par le Comité d’entreprise ou même dans le cadre d’activités de team building. Rappelons que la forêt française est le seul espace qui ne souffre pas d’une intervention humaine intensive : pas de traitements, pas d’intrants, pas de produits phytosanitaires, pas d’irrigation, pas de plastique …

Investir en forêt offre un second avantage pour les entreprises. Une parcelle forestière peut générer un retour sur investissement pour l’entreprise au-delà du principe de compensation. La production n’est certes pas directement utilisable par l’entreprise mais si elle est déléguée à une coopérative ou un expert forestier, elle donne lieu à un revenu pour l’entreprise.

 

 

Quelques exemples de projets qui peuvent être soutenus par les entreprises

 

  • L’accueil du public et la pédagogie
  • Nous n’apprenons plus à nos enfants à reconnaître les essences d’arbres. Or la forêt couvre un tiers de notre pays. Il est essentiel que petits et grand comprennent son fonctionnement. C’est à nous, sylviculteurs, d’expliquer avec passion le monde de la forêt.

 

La séquestration du carbone

La polémique concernant le stockage du carbone en forêt est regrettable : s’il est évident que les plantations ne renverseront pas à elle seule la tendance du réchauffement climatique, elles sont néanmoins indispensables dans de nombreux cas. Le forestier qui a attendu trois générations pour avoir un revenu inférieur au coût de replantation a nécessairement besoin d’un coup de pouce pour renouveler la forêt.

 

  • L’amélioration des mares forestières

Nombreuses sont les forêts qui ont un réseau de fossés et de mares qui sont un formidable réservoir de biodiversité : les maintenir ou les remettre en état nécessite d’importants moyens que l’entreprise pourrait apporter.

 

L’accessibilité à la venaison

Il semble paradoxal que la venaison soit invendable aujourd’hui. La viande de cerf, chevreuil ou sanglier bio par définition ne trouve pas preneur ou à des prix ridicules (0,80€ du Kg pour le sanglier). Et pourtant nous importons de la viande de bœuf du bout du monde dont on ne sait comment elle a été engraissée et qui souffre d’un bilan carbone exécrable….

 

 

Bref : autant de pistes qui remettent l’homme au centre de la forêt, et permettraient de contribuer financièrement à son développement. Et à sa pérennisation.

 

Pierre Aussedat