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Discours de remise des diplômes IHEDREA,
Le 24 mars 2023

« Chers amis,

Vous me trouvez très honoré et fier aujourd’hui, d’avoir été choisi comme parrain de votre, de vos promotions.

J’ai été diplômé en 2007 du fameux institut alors que je faisais mon stage de fin d’études chez Henri d’Ormesson, un ancien d’ailleurs qui formait des anciens.
J’aurai voulu avoir une expérience à l’étranger mais il avait besoin de moi tout de suite. Il m’a convaincu de rester chez lui dès la fin de mes études. Je ne le regrette pas.

Après avoir fait mes armes dans cette entreprise familiale, j’ai décidé de prendre mon envol en 2015, à 30 ans. Tout seul, comme un grand.

Au début à chaque nouveau rendez-vous on m’interrogeait : « Qu’avez-vous fait comme études ? »
Question à laquelle je répondais : « l'IHEDREA », mais cela ne répondait pas à la question. Laquelle était plutôt : « Vous me paraissez bien jeune, est ce que vous avez de l'expérience ? »
J’ai compensé mon jeune âge par le travail et par le réseau en demandant à certains de me recommander et c’est là que l’IHEDREA m’a beaucoup apporté.

Assez vite j’ai embauché Thibault, un ancien, qui est devenu mon associé. Puis l’équipe s’est étoffée et aujourd’hui nous sommes cinq dont quatre anciens et Mathilde qui est la femme d’un ancien. Ça compte pour moitié non ?

Notre entreprise est spécialisée dans l’expertise, la transaction agricole, forestière, et nous développons en ce moment un département label bas carbone.
Nous sommes devenus un des acteurs importants de la transaction forestière et agricole en France. L’année dernière nous avons vendu plus de 3 000 hectares pour un volume d’affaires de 60 millions d’euros. Nous comptons bien nous développer encore, malgré les contraintes règlementaires imposées. Vous avez dû entendre parler de la loi Sempastous ?

Je suis convaincu qu’il y a beaucoup de talents parmi vous. La preuve, j’ai embauché l’un des vôtres. Je suis très content de travailler avec Jean, et je sais que notre collaboration va durer longtemps.
Vos talents sont parfois bien cachés alors il faut approfondir… Pour moi l’IHEDREA c’est aussi et surtout des valeurs fortes :

• Une grande famille avec des liens d’amitié et de fraternité.
• L’IHEDREA c’est aussi la passion de notre territoire, de nos paysages, de nos campagnes et de ses habitants.
• Enfin, la valeur du travail me semble essentielle.

• J’ai intitulé ce paragraphe la « franche-camaraderie » :

Une amitié solide et définitive, beaucoup de souvenirs, l’école a créé pour nous un lien indéfectible. Je retrouve les anciens de ma promo très régulièrement. Il ne se passe pas une semaine sans recevoir un coup de fil de l’un ou de l’autre.
Je vais organiser cette année la 20ème chasse à la maison. Et oui cela va faire 20 ans que je suis arrivé des Vosges à Levallois.

Il y avait à Levallois un lien particulier entre la ville et la nature qui était assez favorable à l’épanouissement de notre imagination.… Pendant que certains semaient du colza dans les parcs de la ville, d’autres, chassaient le pigeon !.... Nous avions une relation privilégiée avec les autorités locales qui répétaient : « Ce sont encore les étudiants de l’école d’agriculture ».

Nous avons été plus ou moins assidus :
Je me souviens d’un matin clair et froid où Basile regardait par la fenêtre en disant « ça c’est un bon temps à lapin »… et nous nous esquivions du cours pour aller à la chasse.
Je ne veux pas tout vous raconter parce que j’arriverai assez vite sur des terrains glissants. Nous avons beaucoup ri, mais toujours dans un bon esprit.
En tout cas, ces amitiés durent. Nous avons créé un groupe WhatsApp qui s’appelle « IHEDREA spirit » et qui permet d’échanger sur des sujets plus ou moins sensibles.

Et puis il y a notre relation dans le travail : on se donne un coup de main ou une information
dès que possible...

• La deuxième idée qui me vient à l’esprit, c’est la passion pour notre beau pays. Dans mon métier, nous avons la chance de traverser la campagne et souvent je me fais la réflexion que le paysage est très différent tous les 100 Km. Nous avons la chance de parcourir la France. Nous sommes le lundi sur le plateau de Millevaches, le mardi dans la montagne de Reims et le mercredi dans le Pays de Caux. La France est très diversifiée dans ses territoires, mais aussi par son architecture et ses habitants : c’est une richesse. Lorsque nous arrivons dans une région, nous sommes obligés de faire connaissance… Beaucoup de sujets nous rapprochent des personnes que nous rencontrons et nous apprenons toujours de nos discussions bien que cela ne soit pas toujours simple. Les usages sont différents aussi bien au niveau technique que dans les administrations. Il faut s’adapter en permanence, c’est ce qui est passionnant dans notre métier.

• La dernière valeur que je voudrais mettre en avant est celle du travail. Si dans nos études nous n’avons pas toujours été assidus, il n’en demeure pas moins que nous avons fait le nécessaire pour être diplômé. Le sens du travail et de l’effort c’est quelque chose d’important. Peu de mes amis se limitent aux 35 heures… mais c’est le vrai travail qui doit être mis en valeur, celui qui est constructif, pas les heures de présence ou les réunions à répétition… C’est en étant acteur, curieux, débrouillard et en allant vers les autres que le travail est le plus productif.

Dans ma promotion, je pense que près de la moitié des étudiants sont aujourd’hui entrepreneurs. Certains ont repris une ferme, ce qui paraît assez logique, mais avec des projets très innovants. D’autres sont allés dans des métiers très différents, une blanchisserie industrielle par exemple.

Toutes ces valeurs et celles qui en découlent pour moi : c’est l’IHEDREA.

On reproche aux forestiers que je suis de couper des arbres, mais celui qui me fait cette remarque est bien content d’avoir du parquet sous ses pieds, une charpente sur sa tête et quelques bûches dans sa cheminée le week-end !
Il y a finalement assez peu de personnes qui connaissent la terre aussi bien que nous, ce qu’elle peut nous offrir, et ce que l’homme peut lui apporter.
Je sais que ceux qui travaillent la terre le font le mieux possible, ils en prennent soin.

Je pense qu’il ne faut pas avoir honte d’avoir une tronçonneuse ou un fusil dans les mains mais qu’il faut savoir l’expliquer. Tout le travail des générations qui nous ont précédés n’est pas à jeter. Bien sûr, il faut s’adapter, se remettre en question et innover… Le carbone, la biodiversité et l’agriculture redeviennent à nouveau des sujets essentiels.

Je voudrais que vous soyez les ambassadeurs pour promouvoir le travail de la terre par ceux qui la connaissent. Je vous souhaite de vous « éclater » dans votre métier au moins autant que moi !

Soyez des acteurs, des moteurs, la révolution est en marche et nous en sommes au cœur.

Je vous adresse toutes mes félicitations pour votre diplôme et vous souhaite tout le bonheur
que vous méritez.

IHEDREA