Quoi de neuf

à la campagne ?

« LE TEMPS DES FORÊTS »: OUI, LA GESTION FORESTIÈRE EST ÉCOLOGIQUE EN FRANCE

Beaucoup d’encre a coulé (et de larmes, peut-être !) depuis la sortie du documentaire de François-Xavier Drouet, « le temps des forêts ». Ce documentaire militant, qui dénonce la « malforestation » et la monoculture du « douglas », dramatise une réalité qui n’est pas représentative de nos forêts françaises.

l’auteur n’a pas compris le formidable potentiel de la forêt.

 

Le film parle quasi-exclusivement de plantations - or on ne compte que deux millions d’hectares plantés sur 16 millions d’hectares de forêt en France métropolitaine. Mais au-delà du ratio, c’est la possibilité de cultiver une forêt qui est largement remise en question par cet « ardent défenseur de la nature ». Oui, la forêt se cultive et se récolte, et les forestiers travaillent cette matière première avec tout le respect qui lui est dû. Oui, le bois de nos forêts constitue la 1ère source d’énergie renouvelable en France et alimente une filière dont l’intérêt économique est indéniable (il y a plus d’emplois dans la filière bois que dans la filière automobile). Et oui encore, la forêt est bien le lieu de la biodiversité.

Revenons maintenant sur les pratiques de gestion forestière.

 

Le documentaire les présente comme un danger pour l’avenir de la planète. Là où le film montre des machines forestières pareilles à des tyrannosaures, les professionnels utilisent en réalité des engins forestiers conçus pour limiter leur impact sur les sols.

Le documentaire déplore l’usage trop répandu des pesticides alors que la forêt fait partie des rares surfaces qui n’utilisent pas ou à de rares exceptions des produits phytosanitaires. En effet, le forestier n’a pas intérêt à utiliser ces produits et en ce qui nous concerne, nous n’en avons jamais utilisé.

 

Mais, rétorquerait l’intéressé, ne voyez-vous pas que ces forêts de douglas forment un « désert vert », privé de toute vie, à l’image de ces futaies régulières qui bannissent le surgissement merveilleux de la biodiversité ? C’est oublier un peu vite que la pertinence du choix entre futaie régulière (arbres du même âge) et irrégulière (arbres d’âge différent) dépend de nombreux critères – techniques, paysagers et environnementaux. Du point de vue de la biodiversité, la futaie irrégulière n’est pas un mode de gestion sylvicole « plus bénéfique » du point de vue de la biodiversité. Lorsqu’on pratique la futaie régulière, on crée des milieux ouverts de 0 à 15 ans qui sont très favorables à la biodiversité. De 15 à 20 ans, les milieux se referment et après la première éclaircie (à 20 ans), on retrouve un milieu ouvert, jusqu’à la fin du cycle 40-50 ans.

Et n’oublions pas que sans gestion, la forêt meurt…

 

En somme, le propos radical du « Temps des forêts » mériterait largement d’être nuancé, ne serait-ce que pour rappeler au grand public que les forêts françaises sont protégées (par un Code Forestier) et que depuis le XIXème siècle, la surface forestière a presque doublé.

Les forêts françaises évoluent dans un système durable qui fait d’elles le lieu le plus écologiquement « propre » de France. Un équilibre écologique qui ne va pas sans une gestion durable des bois, elle-même rendue possible par la vitalité économique de la filière.

Alors merci à tous les forestiers qui s’impliquent et qui améliorent la qualité de l’air, de l’eau, qui entretiennent nos paysages et qui nous permettent de construire avec une ressource noble et renouvelable…

 

Pierre Aussedat