Carbone et agriculture : vers un changement de paradigme ?
En pleine réforme de la PAC, l’Europe décide d’accroître le verdissement de notre agriculture. Dans ce contexte, les financements verts peuvent-ils venir des entreprises et des consommateurs ?
Label bas carbone : une rémunération complémentaire pour les agriculteurs
Le label bas carbone mis en place par le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire récompense les projets de captation ou réduction carbone qui vont au-delà des normes réglementaires.
L’objectif de ce label est de faciliter le financement de projets bas carbone par des entreprises privées ou des particuliers qui souhaitent investir pour compenser leurs émissions résiduelles. En effet, le label garanti le sérieux des projets, qui trouvent alors plus facilement des financeurs.
Pour les agriculteurs, le label mérite d’être signalé comme un revenu complémentaire. Un premier pas vers une rémunération plus juste des agriculteurs pour les services rendus à la biodiversité et à la nature ?
Séquestrer le carbone, une opération win/win…
Les financements obtenus aideront les agriculteurs à investir dans du matériel permettant de réduire leur empreinte carbone ou de réaliser des investissements permettant de séquestrer davantage de CO2 : plantation d’arbres, de haies, etc. Avec le label, les agriculteurs bénéficieront d’un levier supplémentaire pour trouver des investisseurs prêts à les accompagner dans leurs changements de pratiques. Changements de pratiques par ailleurs tout à fait intéressants pour les agriculteurs puisqu’un sol plus chargé en carbone donne de meilleures récoltes !
La réintroduction de l’arbre dans l’espace agricole en plantant une rangée d’arbres tous les 3 ou 4 largeurs de pulvérisateur serait une des nombreuses solutions permettant d’impacter faiblement le rendement, de limiter l’amplitude thermique, l’effet du vent, produire du bois, stocker du carbone, etc.
…Mais comment évaluer la réduction des émissions ?
Le label bas carbone peut valider tous types d’activités qui améliore la séquestration du carbone. La solution trouvée par le ministère consiste à bâtir des méthodes distinctes d’évaluation de la réduction des émissions associées au projet, en fonction des filières. Ainsi, il existe un volet forestier et un volet agricole. Le volet agricole comprend une méthode « élevages bovins et grandes cultures », une méthode « plantations de vergers » et une méthode « haies ». Le principe du label bas carbone en est encore à ses balbutiements. Néanmoins, nul doute qu’il augure des évolutions intéressantes pour les agriculteurs.
Valoriser des pratiques existantes
De nouveaux paramètres entreront sûrement en compte prochainement dans l’évaluation du coût final des productions agricoles. En effet, jusqu’ici, les agriculteurs pouvaient majorer leurs prix de production uniquement en fonction de la qualité sanitaire du produit. Nous pouvons imaginer demain un prix variant également en fonction de la quantité de carbone stockée par le producteur, et des bénéfices environnementaux de sa production.
L’enjeu pour l’agriculture est de valoriser les pratiques vertueuses qu’elle a déjà mise en place.
Notre ferme France fait partie des plus respectueuses de l’environnement. Il est indispensable de donner de la valeur à ces critères. Elle fait bénéficier aux consommateurs d’une alimentation au niveau sanitaire des plus sûres au Monde…
Certaines productions bénéficient déjà d’une surcote environnementale, c’est le cas pour la filière oléique, l’entreprise Oleoze surclasse les producteurs de graines durables.
Couvrant une proportion importante du territoire et représentant un maillage territorial considérable, notre agriculture est déjà et sera à l’avenir un vecteur important de la séquestration de gaz à effet de serre. Préserver les surfaces naturelles, que mettent en valeur le travail de nos agriculteurs, n’est-il pas un enjeu tant économique, qu’écologique ?
Thibault Anselin